LANGUES INDO-EUROPÉENNES ET MACRO-FAMILLES LINGUISTIQUES

 

Nous abordons ici un point de la linguistique qui fait débat : la linguistique à "grande échelle". En effet, la plupart des linguistes s'accordent sur le fait qu'on ne pourra jamais trouver les ancêtres communs des langues indo-européennes avec un groupe de langues voisines, comme les langues ouraliennes. Et pourant, les preuves ne manquent pas, si on a du courage. De plus, retracer l'histoire des langues nous permet de comprendre un aspect souvent oublié de l'histoire de l'être humain. De nombreux travaux sur les macro-familles linguistiques ont été effectués, dont les plus récents ont été réalisés par deux linguistes américains, Joseph Greenberg et Merritt Ruhlen, le second étant l'élève du premier.

I. Introduction

On sait que le français et l'espagnol sont deux langues apparentées, dont l'ancêtre est le latin. On sait aussi que le latin et le grec ont pour ancêtre l'indo-européen. Alors, pourquoi l'indo-européen n'aurait-il pas un ancêtre commun avec les groupes de langues voisins ? C'est en partant de ce principe-là que des linguistes se sont interrogés sur la question.

II. L'hypothèse nostratique

L'hypothèse nostratique a été initiée par le linguiste danois Holger Pedersen. À l'origine, elle regroupe l'indo-européen avec l'ouralien, l'altaïque, le sémitique (donc l'afro-asiatique) et l'eskimo-aléoute. Plusieurs autres linguistes l'ont reprise et affinée, en fonction de leurs hypothèses ; Vladislav Ilitch Svitytch y regroupe l'indo-européen, l'afro-asiatique, le kartvélien, l'ouralien, l'altaïque et le dravidien, quant à Aaron Dolgopolski, il y ajoute l'eskimo-aléoute et le tchoukotko-kamtchatkien mais enlève le dravidien.

Actuellement, la théorie nostratique regroupe donc l'indo-européen, l'ouralien, l'altaïque, le kartvélien et l'afro-asiatique. On peut y ajouter les groupes voisins, selons nos hypothèses, comme le dravidien, l'eskimo-aléoute ou le tchoukotko-kamtchatkien, ainsi que des isolats linguistiques comme le nivkhe et le youkaguir (souvent classé comme ouralien), ou bien des langues éteintes comme l'élamite (langue de la civilisation de l'Élam, actuel Iran, parfois liée au dravidien) ou le sumérien. Certains y rajoutent les langues amérindiennes, mais quant à ce dernier point on verra ce qu'il en est plus tard..
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III. L'hypothèse eurasiatique

Cette hypothèse-là a été proposée par Joseph Greenberg, que nous avons évoqué plus haut. Elle reprend un peu le groupe nostratique, l'indo-européen est ainsi apparenté à l'ouralien, l'altaïque, l'aïnou, le tchoukotko-kamtchatkien, l'eskimo-aléoute (auparavant considéré par ce même linguiste comme faisant partie du groupe amérinde) et le nivkhe. Il retire donc de cette famille les groupes afro-asiatique, dravidien et kartvélien. Il s'appuie sur des ressemblances lexicales ("moi" = *me, "toi" = *te, "qui" = *ke / *ki). Merrit Ruhlen va, lui, plus loin : il inclut le groupe eurasiatique de Greenberg dans un groupe reliant l'afro-asiatique, le dravidien, le kartvélien, l'eurasiatique et l'amérinde, que l'on peut finalement nommer le nostratique. Ainsi, on peut conclure que les deux théories sont cohérentes et même complémentaires. Voici, après des réflexions, plus géographiques et raciales que linguistiques, je l'avoue, ma classification du nostratique :

> Nostratique

> Nostratique méridional

> Afro-asiatique

> Nord-africain

> Égyptien
> Berbéro-tchadique

> Ouest-asiatique

> Sémitique
> Couchitique-omotique

> Élamo-dravidien

> Nostratique septentrional

> Kartvélien
> Améro-eurasiatique

> Amérinde
> Eurasiatique

> Nivkhe
> Eurasiatique 2

> Tchoukotko-kamtchatkien
> Eurasiatique 3

> Eskimo-aléoute
> Eurasiatique 4

> Ouralo-altaïque

> Ouralien
> Macro-altaïque

> Coréen + japonais + aïnou
> Altaïque

> Indo-européen

IV. D'autres théories

- la théorie pontique : cette thé
orie relie les langues indo-européennes avec les langues caucasiennes du nord-ouest (abkhazo-adyguiennes). Cette théorie est basée principalement sur le lexique et le vocabulaire, ce qui peut parfois être hasardeux, étant donné la proximité géographique de ces deux familles. Par exemple, le préfixe négatif "n-" indo-européen (anglais, allemand : un ; langues romanes : in, etc...) est comparé à m- (en abkhaze, kabarde, etc...). Les linguistes mettent également en parallèle l'accusatif, marqué par une consonne nasale. Par exemple, en grec, l'accusatif du mot "logos" (parole, discours) est "logon". En oubykjh (langue éteinte), l'accusatif de "kwæy" (source d'eau) est "kwæyn". Cette théorie, qui peut être mise en parallèle avec la théorie anatolienne sur l'origine des Indo-Européens, est très intéressante, mais elle mérite d'être plus sérieusement étudiée.

- les langues indo-européennes peuvent également être liées à d'autres langues dites "pré-indo-européennes" d'Eurasie. C'est le cas de langues d'Anatolie comme l'hourrien et l'ourartéen. Cette théorie fonctionne plus avec l'hypothèse anatolienne qu'avec l'hypothèse kourgane sur l'origine des Indo-Européens. Quant à ce rapprochement, il semble qu'on puisse aller plus loin, car des linguistes considèrent ces langues comme soeurs de l'arménien. C'est également mon point de vue. En effet, ces langues ont coexisté avec l'arménien, et les Arméniens se considèrent eux-mêmes comme descendant des Ourartéens et Hourriens. Ne serait-ce que par le nom du royaume ourartéen, "Urartu", qui est à rapproché du nom du mont "Ararat", un mot 100 % des arménien. On a aussi considéré ces langues comme proches des langues abkhazo-adyguiennes. Je pense que les langues abkhazo-adyguiennes sont en effet proches des langues indo-européennes, et que des langues comme le hourrien ou l'ourartéen auraient pu, à un stade primitif, avoir eu des similarités, renforcées par la proximité géographique, avec ces langues. Quant aux autres langues pré-indo-européennes, elles ont été en parties énoncées dans l'article sur les langues au caractère indo-européen incertain.

 





 




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