LES LANGUES INDO-EUROPÉENNES

 
 

Les langues indo-européennes constituent un groupe linguistique relativement récent (-4000, soit fin du néolithique), qui a conquit l'Europe, le Proche-Orient, l'Asie centrale et l'Inde.

Les principaux groupes de langues indo-européennes

Voici la liste de tous les groupes de langues indo-européennes :
- albanais
- anatolien
- arménien
- balte
- celte
- germain
- grec
- illyrien et messapien
- indo-aryen et nouristanais
- iranien
- italique et roman
- phrygien
- slave
- thrace (thraco-daco-gète)
- tokharien

Bien sûr, ces différents groupes ont des liens plus étroits les uns entre les autres. Par exemple, on a attesté les familles balto-slave et indo-iranienne.

L'albanais

L'albanais est un isolat linguistique indo-européen parlé en Albanie, au Kosovo ainsi que dans certaines régions de Macédoine et du Monténégro. Il n'est attesté que depuis la seconde moitié du XVe siècle, mais il semble bien plus ancien. Les Albanais revendiquent descendre des Illyriens (ce qui fait d'eux la population autochtone de la région, ce qui est politiquement avantageux pour eux), mais on verra qu'on peut aussi les lier aux langues thraces. En effet, il existe (sans compter les emprunts), des similitudes entre l'albanais et les langues balto-slaves, de même qu'il en existe entre les langues thraces et les langues balto-slaves.

L'albanais est composé de deux dialectes : le guègue, parlé au nord de l'aire linguistique albanaise, et le tosque parlé au sud et qui sert de base à la langue littéraire.

Les langues anatoliennes

Les langues anatoliennes sont les langues indo-européennes les plus anciennement attestées (le hittite est attesté environ vers -1800). Cette famille est la première à s'être séparée de l'indo-européen commun : elle en représente un stade plus archaïque que les autres familles.

Les langues anatoliennes étaient étonnamment parlées en Anatolie (peut-être aussi en Grèce où on en a retrouvé des substrats, l'anatolien aurait été une composante importante des langues pré-helléniques ?). Elle sont toutes éteintes (hélas). Les langues anatoliennes sont : le hittite, le louvite (divisé en milyen et lycien), le palaïte, le carien, le pisidien, le sidétique, le lydien, le cilicien, l'isaurien, le kylaonien et le sud-phrygien.

Comme cité précédemment, l'anatolien possède des caractéristiques linguistiques archaïques (par rapport aux autres langues indo-européennes) : les vestiges des consonnes "laryngales" (élément phonétique reconstitué pour l'indo-européen commun), simplicité de la déclinaison (quatre/cinq cas en anatolien, huit pour l'indo-européen commun) qui semble d'ailleurs facultative. Certains linguistes, toutefois minoritaires, pensent en réalité que l'anatolien constitue une branche soeur de l'indo-européen au sein d'un groupe plus large nommé "indo-hittite".

L'arménien

Tout comme l'albanais, l'arménien est considéré comme un isolat, bien qu'on ait essayé de le rattacher au phrygien. Il est constitué de deux dialectes : l'arménien oriental, parlé en Arménie, en Russie, en Géorgie, en Turquie et en Iran, et l'arménien occidental, parlé par la diaspora arménienne (basée sur le dialecte d'Istanbul). Ces deux dialectes dérivent de l'arménien classique, la langue officielle du royaume antique d'Arménie. 

L'arménien a subi des changements phonétiques remarquables, dûs à l'influence indigène (ourartéen et langues caucasiennes). Par exemple "deux" se dit "erku" 
mais descend bien de la racine indo-européenne *dw? (l'astérisque signifie que la forme est reconstituée).

*dw? > *dw > *dgw > *dg > *dk > *erk > erku

L'influence des langues caucasiennes (surtout kartvéliennes) voisines a permi la disparition des genres grammaticaux (alors qu'on en distingue trois en indo-européen commun, le masculin, le féminin et le neutre). Il a aussi subi une influence lexicale iranienne notable.

Les langues baltes

Les langues baltes, confinées désormais à la Lituanie, à la Lettonie et à la région de Prusse orientale, ont pourtant occupé un territoire beaucoup plus étendu, en Pologne (Prusse), en Biélorussie et jusqu'en Russie. Les langues baltes possèdent d'ailleurs des caractères assez archaïques.

Voici la classification interne des langues baltes :

> Langues baltes orientales

> Lituanien et dialectes (Samogitien)
> Letton et dialectes (Latgalien)
> Curonien
> Sélonien
> Sémigalien

> Langues baltes occidentales

> Vieux prussien et dialectes (Nadruvien, Galindien)
> Skalvien
> Sudovien


Les langues celtiques


Les langues celtiques, presque toutes en voie d'extinction, sont parlées en Irlande, en Écosse, aux Pays de Galles, aux Cornouailles et en Bretagne. Mais autrefois, l'aire linguistique celtique était répandue de l'Europe centrale, d'où elle est originaire, jusqu'en Ibérie. On divise traditionnellement les langues celtiques en deux groupes : le "celtique q" et le "celtique p". Cette division est due à la consonne indo-européenne *kw qui aurait évolué différemment selon les langues. En celtique q (celtibère, irlandais), la consonne *kw serait devenue "k" tandis qu'en celtique p (gaulois, britonnique), la consonne *kw serait devenue "p".

Parmi les langues celtiques anciennes, on peut recenser le gaulois, parlé en Gaule, très probablement divisé en plusieurs dialectes. Le gaulois a légué au français des noms de lieux (toponymes) et certains mots (comme "if", "tonneau"). On a également retrouvé des textes retranscrits à l'aide de l'alphabet étrusque. Le lépontique, parlé en Italie du nord (Gaule cisalpine), serait également proche du gaulois. On connait aussi le britonnique, langue de Britannie et ancêtre du gallois, du cornique et du breton. Quant au Picte, parlé lui aussi en Britannie mais plus au nord, son caractère celtique et même indo-européen est encore débattu. Le celtibère était également une langue celtique, parlée en Hispanie. Le galate, parlé en Anatolie, était également une langue celtique.

La classification interne des langues celtiques est la suivante :

> Langues celtiques continentales

> Gaulois
> Lépontique
> Celtibère et gallaïque
> Galate
> Norique

> Langues celtiques insulaires

> Groupe gaélique

> Gaélique écossais
> Gaélique irlandais
> Gaélique mannois

> Groupe britonnique

> Gallois
> Cornique
> Breton
> Cambrien
> Ivernique (langue britonnique irlandaise hypothétique)
> Picte (hypothèse)

Les langues gaéliques descendent du vieil irlandais, les langues britonniques du vieux breton ou britonnique. Le breton, notamment le dialecte vannetais, a subi une influence gauloise.

Les langues germaniques

Le foyer des langues germaniques est le sud de la Scandinavie et le nord de l'Allemagne (Danemark, Schleswig,...). Les langues germaniques sont répandues en Europe du nord-ouest (Allemagne, Benelux, Autriche, Suisse, Alsace), dans les Îles Britanniques, en Scandinavie et en Islande. Les trois groupes du germanique sont le groupe oriental (éteint) représenté par des langues antiques comme le goth, le burgonde ou le vandale, le groupe occidental, le plus répandu, représenté principalement par l'allemand, l'anglais et le néerlandais et le groupe septentrional ou scandinave (norvégien, suédois, danois). Les langues germaniques sont attestées par l'alphabet runique (proche de l'alphabet étrusque) et l'alphabet gothique (adapté du grec).

Les langues germaniques constituent, il faut le dire, un groupe assez marginal parmi les langues indo-européennes. En effet, un tiers de leur vocabulaire (c'est beaucoup !) n'est pas indo-européen (des mots comme par exemple l'anglais "bear", ours) et elles ont subi un phénomène phonétique connu sous le nom de "mutations consonantiques". La plus célèbre, la première mutation consonantique, a fait évolué la consonne indo-européenne "p" en "f" (latin "pater", français "père", mais anglais "father" et allemand "Vater"), entre autres...

Voici la classification interne des langues germaniques :

> Langues germaniques septentrionales (langues scandinaves ou "vieux norrois")

> Langues scandinaves orientales

> Dano-suédois

> Dano-norvégien

> Danois
> Norvégien bokmål
> Jute

> Suédois et dalécarlien

> Gutnisque

> Langues scandinaves occidentales

> Islandais
> Féroïen
> Norvégien nynorsk
> Norne (éteinte, parlée en Écosse)
> Rodi (langue d'une population nomade de Norvège proche des Tziganes)

> Langues germaniques occidentales
 

> Anglo-frison

> Anglais et dialectes (scots)
> Frison

> Germano-néerlandais

> Bas-allemand

> Bas-francique

> Néerlandais et dialectes (flamand, zélandais, hollandais, brabançon, afrikaans)
> Bas-francique oriental (limbourgeois, thiois)

> Bas-saxon (néerlandais oriental, bas-saxon de Frise orientale, westphalien, ostphalien)
> Bas-allemand oriental (mecklembourgeois-poméranien, brandebourgeois, bas-prussien, moyen poméranien, poméranien oriental)

> Haut-allemand

> Moyen-allemand

> Moyen-allemand occidental

> Moyen francique

> Francique ripuaire
> Francique mosellan (luxembourgeois)

> Francique rhénan (hessois, palatin, francique rhénan lorrain)

> Moyen-allemand oriental (lusacien, thuringien, haut-saxon, silésien, haut-prussien)

> Allemand supérieur

> Haut-francique

> Francique oriental (francique du Main)
> Francique méridional

> Haut-allemand

> Allemand
> Allemand pennsylavien

> Alémanique (souabe, alsacien, moyen-alémanique, haut alémanique, alémanique supérieur)
> Bavarois

> Yiddish
> Wilamowicien (+ influences bas-saxon, néerlandais, anglo-frison, polonais)

> Langues germaniques orientales

> Gotique
> Burgonde
> Vandale
> Ruge
> Gépide
> Taïfale

 

Les langues helléniques

Les langues helléniques sont attestées dès le XIIIe siècle av. J.-C. À l'origine, les langues helléniques, qui étaient répandues autour de la mer Égée, était un groupe constitué de plusieurs langues qui se sont au fur et à mesure mélangées pour ne former désormais qu'une seule langue, le grec moderne. Les langues helléniques se sont formées par trois invasions successives de la Grèce depuis les Balkans : les Mycéniens, les Doriens et les Achéens.

> Groupe arcado-chypriote (mycénien ; arcadien, chypriote, pamphylien)
> Groupe ionien-attique

> Grec ancien (ou attique) > Grec médiéval (koinè) > Grec moderne
> Ionien

> Groupe éolien (béotien, lesbien, thessalien)
> Groupe occidental

> Dorien (laconien, argien, corinthien, tsakonien)
> Éléen, étolien, locrien, phocidien
> Ancien macédonien

La position de l'ancien macédonien dans les langues helléniques est toutefois controversée : selon les hypothèse, elle est tantôt également classée dans les langues thraco-daces ou dans les langues illyriennes.

Les langues illyriennes

Le groupe des langues illyriennes est un groupe largement controversé, car il a longtemps servi de groupe "poubelle" pour y classer les langues antique de l'ex-Yougoslavie qu'on n'a pas pu apparenter aux familles voisines : ainsi, on y a classé des langues comme le vénète (désormais considérée comme italique) ou l'ancien macédonien (voir plus haut). Seuls le messapien d'Italie du sud-est et l'onomastique de la côte adriatique des Balkans semblent pouvoir constituer un réel groupe illyrien. La recherche en terme de langues illyriennes est donc loin d'être terminée...

Les langues indienne (ou indo-aryennes)


Les langues indiennes sont répandues dans la partie nord du sous-continent indien, qui englobe l'Inde proprement dite, le Pakistan, le Népal et le Bangladesh. Cependant, les premières langues indiennes sont attestées dans une toute autre région... le royaume du Mitanni, en Syrie (!), autour du XVe siècle av. J.-C. Ce royaume avait pour langue officielle le hourrite, langue non-indo-européenne, mais cette langue contenait des éléments indo-aryens. Ainsi, on peut situer à cette région le foyer des Indo-Aryens (ce qui renforce la théorie anatolienne sur l'origine des Indo-Européens). Les langues indo-aryennes actuelles descendent du sanskrit.

> Sanskrit

> Prâkrits

> Pâli
> Indien de l'ouest

> Indien méridional ou gujarâtî (cinghalais, divehi)
> Indien occidental (bhili, lahnda, marâthî, râjasthânî)
> Indien nord-occidental (sindhi)

> Indien centro-septentrional (hindi, ourdou, chhattisgarhi, bangani, népalais, pahârî, panjâbî, romani)
> Indien oriental (assamais, bengali, maïthili, bihâri, oriya, bhojpuri)

> Langues dardiques (dameli, domaaki, gawar-bati, kalasha, kashmiri, katarqalai, khowar, kohistani, ningalami, pashai, phalura, sawi, shumashti ; shina, brokskat)
> Langues nouristanies (waigali, prasun)

Les langues nouristanies constituent un groupe proche des langues iraniennes, dont le groupe indo-aryen est très proche, si bien qu'il est parfois considéré comme un groupe de langues iraniennes. Quant au romani, il s'agit de la langue parlée par les Tsiganes (Rroms), dont le foyer d'origine est l'Inde du nord.

Les langues iraniennes

Les langues iraniennes ont connu dans le passé une répartition allant de l'Europe centrale à la Chine. Désormais, elles sont presque confinées à l'Iran (+ Afghanistan, Tadjikistan), bien que leur foyer soit dans les steppes d'Europe de l'Est ou d'Asie centrale. Ce groupe est, on l'a vu, très proche des langues indiennes. 

> Iranien occidental

> Pachtou, dari, pamirien
> Avestique, vieux-perse, baloutche, farsi, kurde, tadjik
> Parthe, mède

> Iranien oriental

> Groupe scythe (sogdien, yagnabi ; khotanais ; chorasmien ; bactrien, hundjan)
> Groupe oriental non-scythe (massagète ; sarmate ; alain, ossète ; sace ; carmanien ; hyrcanien)

Les langues italiques (et romanes)

Les langues italiques, dont ne subsistent aujourd'hui que le latin et les langues dérivées (dites romanes), étaient répandues dans la péninsule italienne. D'autres langues y étaient parlées, dont des langues celtiques, ou l'étrusque dont le caractère indo-européen est discuté.

> Vénète
> Langues latino-siciliennes

> Sicule
> Langues latino-falisques

> Falisque
> Latin

> Langues romanes (voir le fichier pdf)

> Langues osco-ombriennes (osque, samnite, marse, marrucin, pélignien, vestinien, sabin, èque, volsque, ombrien, sud-picène, lucanien)

Le phrygien


Le phrygien, attesté dès le VIIIe siècle av. J.-C., parlé au nord-ouest de l'Anatolie, en Phrygie (région connue pour son roi Midas aux oreilles d'âne, qui dut porter le bonnet devenu un des symboles de la Révolution française), constitue ce que l'on appelle un "isolat", du moins tant que les linguistes ne se seront pas mis d'accord sur sa position. En effet, certains le considèrent comme une branche des langues thraces. Mais Hérodote, du haut de son Antiquité, pensait, lui, qu'on pouvait relier le phrygien à l'arménien. Quant à Platon, il reliait le phrygien au grec. Mon hypothèse relie en fait les hypothèses d'Hérodote et de Platon : le phrygien et les langues helléniques peuvent être inclus dans un groupe "helléno-phrygien", lui-même lié de très près à l'arménien.

Les langues slaves


Les langues slaves sont apparentées de très près aux langues baltes. C'est pourquoi on parlera plus volontiers de langues balto-slaves. Les langues slaves ne sont connues que depuis la deuxième moitié du premier millénaire lorsque les écrivains Romains et Grecs ont commencé à transcrire des noms propres slaves puis des textes avec l'apparition des alphabets glagolitique puis cyrillique au IXe siècle. On classe les langues slaves en trois groupes :

> Langues slaves orientales

> Russe
> Biélorusse
> Ukrainien
> Ruthène

> Langues slaves occidentales

> Polonais
> Tchèque
> Slovaque
> Sorabe
> Cachoube
> Polabe
> Slovince
> Silésien

> Langue slaves méridionales

> Serbo-croate

> Croate
> Bosnien
> Monténégrin
> Serbe

> Bulgaro-macédonien

> Bulgare
> Macédonien

> Slovène


Les langues thraces

Les langues thraces, ayant toutes disparues, restent peu connues des linguistes. Pourtant, l'existence des Thraces était déjà attestée par Homère (ça fait un bon bout de temps quand même !). Le groupe des langues thraces s'étendait de l'actuelle Bulgarie à la steppe pontique. Les langues thraces seront d'ailleurs étendues vers l'Anatolie.

> Géto-dace

> Dace
> Gète
> Mésien

> Thrace

> Thrace d'Europe (besse, odrysse, édone, satre, bisalte, odomante)
> Thrace d'Asie (thynien, bithynien, +/- mysien)

Les langues thraces sont souvent rattachées aux langues voisines : illyrien, albanais, grec, phrygien, voire même balto-slave ou arménien. Pour l'instant, on le traitera indépendamment, même si je pense personnellement qu'on peut les relier aux langues slaves. On peut également lier aux Thraces le peuple des Cimmériens. Si les Cimmériens semblent être apparentés aux Thraces ou aux peuples iraniens, ils est interessant de noter que le terme grec désignant ce peuple, "Kimmerioi", est à rapprocher de "Kumbrioi" (habitants de la Cambrie, actuel Pays de Galles : voir Gymru, terme gallois désignant le pays, et Gymraeg, terme désignant la langue), "Kimbrioi" (Cimbres, tribu germanique), la ville de Gyumri en Arménie, de Cumes (Kumê) en Italie,...

Les langues tokhariennes

Les langues tokhariennes sont le groupe de langues indo-européennes découvert le plus récemment (début du XXe siècle). Ces langues était parlées dans le bassin du Tarim, dans la région dite du Turkestan chinois (Xinjiang), où vivent désormais les Ouïghours, population turque. On distingue deux langues : le tokharien A ou agnéen et le tokharien B ou koutchéen. L'existence d'un tokharien C, ou kroränien, est supposée d'après des documents indiens. Les Tokhariens, de religion bouddhiste, constituent une groupe véritablement "isolé" par rapport aux autres groupes indo-européens. On pourrait géographiquement les relier aux Indo-iraniens, mais leur vêtements ressemblent étrangement à des vêtements... celtiques ! Le mystère tokharien, très passionant, reste encore irrésolu...

 


 

 


 

 



 

 


 


 




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